2018 - The Good, The Bad and The Queen - Merrie Land [24-44.1]
La meilleure pop britannique, des Kinks à XTC
en passant par Madness, a souvent baigné
dans une sorte de joyeuse mélancolie.
La nostalgie de traditions bien ancrées qui se
dissolvaient lentement dans la modernité
d’un monde ultralibéral et globalisé.
Et voilà que le Brexit est venu tout chambouler.
Le rejet de l’Europe et de l’étranger a révélé un repli
mortifère dans un pays dont la singularité s’est aussi
bâtie sur l’ouverture et la mixité.
Merrie Land, deuxième album seulement du super groupe
de Damon Albarn (avec Simon Tong, de The Verve, Tony Allen,
le batteur de Fela, et Paul Simonon, de Clash),
est imprégné de ce sentiment angoissant.
Et y puise une force et une cohérence qui manquaient
à son prédécesseur, déjà inquiet, d’il y a onze ans.
Loin de la rage ou de la colère de Clash ou de Fela,
l’album serait le pendant amer au tonitruant Parklife,
de Blur, vingt-cinq ans plus tard.
Avec une production de Tony Visconti au service des chansons,
là où Danger Mouse s’intéressait plus aux textures et au son,
Albarn déroule en douceur ses observations et réflexions,
entre tendresse et détresse, sur un monde en voie de disparition.
Mélodies insidieuses, groove en demi-teinte et atmosphère
tristement guillerette de carnaval renvoient au spectre enchanteur
du Ghost Town désolé des Specials.
On ne peut que s’en réjouir.