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22 Mar

2020 - Morrissey - I Am Not a Dog on a Chain [24-96]

 - Catégories :  #MUSIC

Ce 13e disque solo surprend comme son titre

dès l'entame de «Jim Jim Falls», accrochée à un fil

strictement synthétique, robotique, avant qu'un piano

ne vienne soutenir les exhortations suicidaires du refrain.

Exit les guitares, qui faisaient le gras des récents albums.

Dans ce climat instrumental offensif, Moz pose sa voix

toujours chaude, bien ourlée, aux inflexions si élégantes

qu'elles peuvent décrire une baston en crachant des fleurs.

L'épaisse production de l'Américain Joe Chiccarelli

parvient au délicat équilibre entre ce velouté vocal

et cette nasse musicale tourmentée ou luxuriante

dans laquelle le chant pourrait si facilement se noyer.

L'absence à la composition de Boz Boorer, fidèle guitariste

depuis 1991, peut expliquer cet étrange attelage

de chansons rock jouées sur des bases presque

exclusivement synthétiques, au point de sonner comme

Soft Cell sur «Once I Saw the River Clean».

Le pari est osé, il fonctionne de manière magistrale

quand explose «Bobby, Don't You Think They Know»,

hommage à la Motown assis sur un groove incroyable,

des saxophones retors et la voix mordante de Thelma Houston.

Il patine un peu plus sur d'autres cocktails moins équilibré

- le crooning dégingandé de «The Secret of Music», par exemple.

Mais l'incomplétude est une constance de l'oeuvre de Morrissey,

qui a remplacé la quête de la perfection (que chacun lui accorde

dans au moins deux albums des Smiths) par une production

régulière et continue, que même le cancer n'a pu stopper.

A ce titre, «I Am Not A Dog On A Chain» est

une brique de plus dans le mur massif, recouvert de roses

et de fil barbelés, que Steven Patrick Morrissey

édifie patiemment entre lui et le monde.

 

 

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