2020 - Black Foxxes - Black Foxxes [16-44.1]
Deux ans après le très acclamé “Reiði” (2018), Black Foxxes
fait son grand retour avec un line up tout frais
et un troisième album à la clé.
Pour leur disque éponyme, les Anglais reviennent avec un rock transformé,
plus abrasif et psychédélique que par le passé.
C’est avec le single “Badlands” que Black Foxxes a décidé
de présenter ce nouvel album.
Du haut de ses huit minutes, le trio d’Exeter montre que
sa nouvelle formule se moque bien des poncifs du genre.
Mais ce titre dévoile aussi l’étendue du spectre musical du nouveau trio,
dont seul Mark Holley (chant/guitare) reste le membre d’origine.
Enregistré en live pour en garder l’intensité, le morceau est un diamant brut
dans lequel la nouvelle section rythmique s’exprime à travers
de nombreuses variations de tempos et d’ambiances.
Brumeux, chaotique et hargneux, ce single est une véritable folie psychédélique
dans laquelle son chanteur, atteint de la maladie de Crohn, sans filtre.
Sa voix criarde, méconnaissable par moment, crache des paroles
toujours aussi personnelles que sarcastiques.
Malgré cette nouvelle aura psychédélique qui enrobe chaque morceau,
Black Foxxes garde des réminiscences de cette fougue adolescente
qu’on lui connaît.
Le décalage entre les couplets et le refrain très harmonieux
mais noyés dans la reverb de “My Skin Is” est un exemple très parlant.
Même si elles ne sont pas dénuées d’expérimentations,
“Panic” et “Jungle Skies” endossent quant à elles le rôle de ballades,
qui permettent à l’auditeur de reprendre son souffle et de retrouver
la facette plus émotionnelle des Anglais.
Ces titres offrent une pause bien méritée et donnent un vrai relief
à l’ensemble du disque, dont la qualité et le défaut premier
sont finalement identiques : son incroyable densité.
Si la prouesse de cultiver un terreau musical irrigué de nombreux
contrastes est réelle, Mark Holley et ses deux nouveaux comparses
livrent un ensemble incroyablement riche, dense et finalement
relativement complexe à digérer.
D’un titre fantomatique et minimaliste tel que “Drug Holiday”
au virage très hippie et jazzy de “Swim” , en passant par les montagnes russes
du final de quasiment dix minutes “The Diving Bell” où les cœurs laissent place
à des déflagrations de distorsion improbables, il est clair que
la nouvelle section rythmique de Black Foxxes impressionne par son audace.