2021 - Low - HEY WHAT [16-44.1]
Le couple formé d’Alan Sparhawk et Mimi Parker
constitue l’épine dorsale de la formation
dite « slowcore », Low.
Frôlant les 30 ans de carrière, le désormais duo
— le bassiste Steve Garrington a quitté le navire en 2020 —
s’est carrément réinventé avec la sortie de Double Negative (2018).
Avec l’aide du réalisateur BJ Burton (Bon Iver),
ce long format considéré par plusieurs, et avec raison,
comme étant le Kid A de la formation, est un cri de désespoir camouflé
et imperceptible évoquant la détresse d’un équipage d’un navire
sur le point de sombrer.
Plombés psychologiquement par l’élection du « Grand Orange »
en 2017, les Américains nous avaient proposé un disque
caractérisé par des voix distordues et des rythmes électroniques
Low exprimait le mal-être qui sévissait à l’époque,
et qui malheureusement, subsiste toujours.
Toujours accompagnés par Burton, Sparhawk et Parker
sont de retour avec un nouvel album intitulé Hey What.
En amorçant la réflexion en vue de concevoir ce nouvel opus,
le trio s’est questionné à savoir s’il devait revenir
à une formule sonore plus traditionnelle.
Rapidement, les trois créateurs se sont entendus pour poursuivre
dans le même sillon tracé par son prédécesseur.
Si les voix dans Double Negative étaient fracturées,
parfois inaudibles, c’est le retour des mélodies angéliques
du couple qui nous étonnent et nous bouleversent.
Dès le départ, avec White Horses, Low nous immerge
dans des sonorités industrielles jusqu’à ce que les voix célestes
de Sparhawk et Parker s’élèvent.
Manifestant une lucidité implacable, Low constate comme nous
que les choses ne tournent pas rond dans notre monde,
mais cette fois-ci, le tandem ouvre les volets de la maison
pour laisser entrer un peu de luminosité et d’air frais.
Musicalement, les vagues sonores distordues et onduleuses
sont légion, mais laissent toujours place aux voix
de manière subtile et graduelle.
Dans There’s A Comma After Still, pièce expérimentale s’il en est une,
les harmonies vocales sans paroles en conclusion
viennent rendre l’écoute plus digeste.
Dans All Night, le crescendo déformé, avoisinant le gospel,
est un véritable pourvoyeur de frissons.
Malgré les constantes brisures dans la suite d’accords
de More, Sparhawk et Parker réussissent un véritable tour de force
en nous présentant une chanson mélodiquement imparable.
Hey What est une expérience musicale singulière et transformatrice
pour le mélomane qui veut s’en donner réellement la peine;
une œuvre qui poursuit dans la même veine que son précurseur.
Après autant d’années au compteur, rares sont les groupes
en mesure de se métamorphoser de la sorte
sans perdre complètement leur identité.
Si Double Negative proposait une sorte de catharsis
à la confusion et à la morosité ambiantes, Hey What insuffle un peu d’espoir,
et ce, sans nier que les temps sont durs, très durs même.
Low est un phare dans la nuit, un ami précieux
à avoir à ses côtés en temps troubles.