2021 - Joy Crookes - Skin [24-48]
A tout juste vingt-trois ans, Joy Crookes présente enfin
son tant attendu premier album, Skin, lequel vient couronner
un début de carrière fulgurant déjà émaillé
de plusieurs succès retentissants.
Remarquée dès ses débuts à l'âge de quinze ans,
la jeune londonienne d'origine irlandaise et bangladaise
a affolé les compteurs avec son premier single grâce à un Colors Show
dépassant les onze millions de vues avant de signer chez Sony Music
et d'y sortir trois EPs et une flopée de singles, faisant d'elle
une des voix majeures de la pourtant très riche scène soul anglaise.
Quand on lui parle de ses influences, Joy cite pêle-mêle Nina Simone,
The Pogues, Kate Nash et Kendrick Lamar.
On ne sera donc pas étonné devant le large éventail de styles
qu'embrassent les treize titres de Skin.
Il sera difficile de ne pas se faire prendre par When You Were Mine,
porté ses cuivres entrainants et son refrain feel good,
ou de se laisser émouvoir par le piano délicat de Skin,
écrin parfait pour cette voix de velours.
Même les morceaux les plus simples (basiques ?) en apparence,
Trouble et sa pop sautillante ou Poison et sa basse à la Stand By Me,
font mouche et devraient ravir petits et grands.
Le point d'orgue de l'album s'avère être Feet Don't Fail Me Now,
classique instantané, qui convoque dans ses couplets
le fantôme d'Amy Winehouse avant que son refrain
ne vienne marcher sur les plates-bandes d'Adele.
En jeune femme moderne, Joy Crookes assume ses positions
et sa dualité et sait parfaitement jongler entre intégrité artistique
et accessibilité grand public.
On trouvera toujours des rabat-joie pour asséner que malgré
un talent d'écriture certain et une voix sublime,
ce premier album pêche par son aspect un peu trop lisse
et sa propension à viser l'efficacité immédiate au détriment
de la profondeur et de la complexité.