2022 - Modern Studies - We Are There [16-44.1]
On devrait se laisser faire et chanter la louange
de chaque disque des Modern Studies en s’abandonnant
au réconfort et à la chaleur
qui se dégagent de leurs enregistrements.
We Are There n’est pas loin d’être le plus beau disque
qu’on a écouté cette année, le plus élégant, gracieux,
harmonieux, accueillant, solaire, apaisant, délicat, intelligent,
soyeux et on passe quelques qualificatifs.
Il n’est plus temps de faire la fine bouche :
c’est du grand art de bout en bout, un disque d’orfèvre,
qui coule comme du miel entre nos oreilles.
La grandeur de l’album s’apprécie d’emblée
avec le superbe single Sink Into.
Chanté à deux voix, c’est un modèle du genre
qui évolue entre pop orchestrale, folk
et une couche de psychédélisme.
Les Ecossais réussissent sur ce disque (leur 4ème long format)
à synthétiser parfaitement toutes leurs influences.
On pense bien entendu à Low, à Talk Talk pour l’abstraction
de la production mais surtout et toujours au Fleetwood Mac
pour la sincérité dans la livraison et la facilité avec laquelle
l’écriture se love dans un format chanson rassurant et archétypal.
Modern Studies évolue au coeur de la modernité
et sature l’espace de trouvailles qui viennent densifier
une structure mélodique plutôt traditionnelle.
La voix d’Emily Scott est d’une précision affolante,
souvent douce mais capable de moduler à la perfection
pour exprimer l’attention, l’amour ou, au contraire, la prise de distance.
Comfort Me sonne comme un fauteuil profond et enveloppant.
On rêve, on s’abandonne et on sent chaque muscle qui se relâche.
La rythmique amène une vraie originalité et une texture jazzy
à un Two Swimmers qui initie une thématique prolongée
par la belle harmonie vocale de Wild Ocean.
On adore la contemplation d’Open Face, où c’est cette fois
les violons qui apportent la couleur au morceau.
Ce disque est probablement le plus réussi et abouti
des quatre albums du groupe.
Il présente une variété d’approches, de tempos et d’intentions qui,
tout en faisant preuve d’une vraie cohérence, époustoufle
par sa maîtrise et sa richesse.
Won’t Be Long traduit bien cette ambition de couvrir tout le spectre
qui va de la pop, au folk en passant par les musiques orchestrales.
Modern Studies embrasse large et tient chaud.