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Les morceaux de Tinariwen commencent souvent par
une guitare solitaire qui serpente et suggère,
comme chez John Lee Hooker.
Puis arrive la voix sèche et rocailleuse du chanteur en chef
Et la chanson prend forme, se lève et se met en route
avec les claquements de mains, la pulsation des percussions,
les chœurs du groupe qui répondent au chant lead
et d'autres guitares qui font monter la puissance.
Cette musique électrique touarègue, inventée par Tinariwen
il y a plus de vingt ans, est très ritualisée, avec ses coutumes
et ses conventions.
Comme la country, musique de coin du feu
de l'autre côté des continents et des océans.
Sur cet album de Tinariwen, les deux se rencontrent.
Le groupe touareg aurait dû l'enregistrer à Nashville
dans les studios de Jack White, avec des musiciens locaux.
Pour cause de crise sanitaire, il s'est réfugié du côté de Djanet
dans le Sahara algérien.
Puis, les Américains ont ajouté leurs parties à distance.
Sur ce disque produit par Daniel Lanois, on entendra donc
de la steel-guitar, du piano, du banjo et du violon d'Amérique.
Rien d'incongru, plutôt un écho à la musique rurale et à l'imzad,
le violon traditionnel tamasheq dont le groupe présente
un morceau sur l'album.
Amatssou ne sonne pas comme un album de country saharienne.
C'est du Tinariwen classique à 80%, avec des touches country pensives
et mélancoliques, apportées par la sensibilité de Lanois.
La correspondance est fantasmée, imaginaire.
On a souvent pensé que cette musique hypnotique
aurait pu naître en Oklahoma pendant une grande sécheresse
en noir et blanc, quand les hommes revêches ont le cœur serré,
pleurent sur une terre craquelée et n'ont plus d'autre choix
que de prendre la route, avec déjà le mal du pays et le rêve du retour.
Pour Tinariwen, il arrive en fin de disque avec le morceau de tindé,
la musique traditionnelle des femmes touarègues,
immense moment de musique mystique.