2024 - A Certain Ratio - It All Comes Down to This [24-96]
A Certain Ratio n'ont jamais autant sonné modernes
que depuis ce début des années 2020.
Avec une carrière de plus de quarante ans derrière eux,
une avalanche de lauriers tressés tant par les professionnels
que par le public et tout autant de rejetons plus ou moins
légitimes qui se sont nourris de leurs travaux,
ses membres à la soixantaine la plus radieuse qui soit
semblent insatiables.
A Certain Ratio remettent le couvert avec It All Comes Down To This,
leur douzième album studio.
Pour ce nouveau disque, c'est un retour au « simple trio »
qui nous est proposé, comme si le groupe se recentrait
sur son propre ADN, ce pourquoi It All Comes Down To This
s'éparpille un peu moins que les deux albums précédents.
Car ici, ce qui marque est un véritable retour à un son
bien plus axé sur cette électro funky, avec la basse de Jez entêtante
qui domine largement sur la majorité des titres, les incursions
de la trompette de Martin Moscrop qui vient tout du long
illuminer les pistes de sa touche jazz si élégante
et ce groove constant qui est l'empreinte des mancuniens
depuis tout ce temps.
Ce qui nous marque et nous emballe particulièrement
est la guitare que l'on retrouve à de nombreuses reprises
en « vedette américaine » :
le titre d'ouverture All Comes Down To This renoue avec
un certain indie rock, porté par le chant incroyablement clair de Jez.
La fiesta comme dans les stades chère à nos musiciens
déboule dès le second titre avec djembé et sifflet sur Keep It Real,
l'ambiance demeure du même acabit, soit très dansante
sur Where You Coming From et s'intensifie avec le très funky
Out From Under, un futur classique du groupe.
A Certain Ratio savent également plonger dans l'aspect froid
et dénudé de la cold wave d'antan avec les longues nappes synthétiques
de We All Need et son chant en spoken word, Surfer Ticket offre
un beat hip-hop presque glaçant à l'image de ses prédictions lugubres
sur les usages de l'IA, alors que Bitten By A Lizard et son mix electro rock
plongent l'auditeur dans une espèce de transe.
Le chant, ou plutôt le slam, est ici laissé à Donald Johnson
qui nous évoque sa jeunesse sur Estate Kings, mis subtilement en exergue
par les percussions de Jez et la trompette très 70s de Martin,
rendant le tout très cinématographique, comme si nous étions témoins
des déambulations de ces mômes issus de familles d'ouvriers
et élevés dans les banlieues industrielles de Manchester.
Nous retrouvons en quelque sorte deux ambiances dans ce nouvel album
mais, à la différence de 1982 qui passait d'un univers à un autre
parfois de façon un peu abrupte, il demeure sur It All Comes Down To This
une véritable cohérence qui nous permet de laisser les pistes
se dérouler dans leur ordre naturel, aucun morceau ne cassant réellement
cette cadence débordante d'énergie.
Après douze albums et quarante ans de performances live, A Certain Ratio
réussissent à nouveau en un temps record à se surpasser
en nous livrant un nouvel opus très excitant, toujours parfaitement orchestré
et qui vient à son tour rejoindre la liste quasi parfaite de la discographie
des pionniers de la légendaire scène Factory de Manchester.