Utopia S1 et S2
La diffusion de la saison 2 d’Utopia vient de s’achever
sur Chanel 4 (Skins, Black Mirror, Misfits, ...)
et c'est le bon moment pour revenir sur la série
électro choc de la saison dernière.
Utopia est une série britannique composé de 2 saisons
de 6 épisodes chacune.
Utopia raconte l'histoire de 5 personnages en fuite
dans l’Angleterre actuelle.
Pourquoi en fuite ?
Parce qu’ils possèdent un manuscrit, qui renferme les détails
d'un complot qui menace la race humaine
et qu'une puissante organisation "The Network"
est prête à tout pour le récupérer.
Ce manuscrit tant convoité est en fait une bande dessiné,
ou plus justement un roman graphique,
qui dissimule dans ses planches,
l'identité des instigateurs du complot
et son antidote...
L'histoire d'Utopia tourne autour d'une bande dessiné,
et sa forme emprunte à la BD son ton décalé, son rythme
et sa puissance visuelle.
Regarder un épisode d'Utopia est une expérience unique,
on s'y surprend à s'extasie un temps sur un paysage
ou un décors,
pour la planche d'après,
être happé par l'action,
dévaler la cases les une après les autres,
pour finalement ne plus savoir si l'on va tourner la page,
tant l'on est effrayé par ce que l'on doit y découvrir.
Dennis Kelly le créateur de la série,
à crée un monde étrange et dérangeant,
qu'il alimente par diverses "théories du complot",
pour finir par imposer au spectateur,
une paranoïa latente.
Il jongle avec d'incessants rebondissements
où les personnages jouent souvent double ou triple jeu,
comme dans les meilleurs romans d'espionnage.
On à vraiment l'impression que Dennis Kelly,
le créateur de la série,
à dessiné ses personnages au crayon,
ils n'ont pas de profondeur,
pas de d'histoires personnelles pour la plupart,
- il faudra attendre la saison 2 -
et qu'il les à "donnés" à Marc Munden,
le réalisateur de la série,
pour les colorier, les illustrer, les mettre en lumière
ou les assombrir.
Et coté couleur Marc Munden s'y connait !
Des couleurs vives et éclatantes
(ne réglez pas votre téléviseur…).
à mille lieux des us et coutumes et de la mode
de la désaturation constante, qui nous envoie dans le bleuté,
aux confins du gris.
Ici on bouffe du rouge vif, du vert éclatant, et du jaune pétant.
Le jaune du blouson de ce tueur au souffle encombré,
de son sac qui forme un sourire dès qu’on le pose.
Une couleur joyeuse ici détournée pour offrir un jaune omniprésent.
Oppressant.
Comme dans la BD, ici on à la liberté du cadre,
le 2.35 (cinémascope), d’habitude réservé au cinéma,
singularise considérablement la série.
Il situe d’entrée que ce qu’on va voir
n’est pas quelque chose de commun.
Les personnages semblent perdus,
dans ce scope trop large pour eux.
Les décors (naturels et souvent vierges)
de la campagne britannique donnent l’impression
qu’ils sont seuls au monde.
Et quand on s'habitue à ce format,
c'est pour mieux le "détourner" au début de la saison 2,
avec un épisode tout en images d'archives 4/3,
conçu en flashback dans un flashback !
Hypnotique.
Envoûtant.
Pas commun, définitivement.
Utopia est une œuvre qui tient de l’expérimental pur,
surtout dans sa forme.
Fait suffisamment rare pour être souligné,
Utopia est une série de réalisateur,
elle tient plus de Kubrick, Lynch et Tarantino
que des réalisateurs de télé.
Si l’histoire a été conçue par un scénariste,
c’est bien Marc Munden qui se l’est appropriée pour
la modeler à son goût.
Ses plus grandes qualités viennent de sa forme,
presque jamais vue. –
En plus de l'univers BD, Utopia puise sa force
dans une bande son puissante et inspirée.
La musique, oeuvre de Cristobal Tapia de Veer,
musicien de Dance canadien,
semble fabriqué avec des petits bouts de dialogue,
de bruitages, d'onomatopées
posées sur une rythmique Trip Hop hypnotisante
qui n'est pas sans rappeler Gorrillaz.
La musique contribue énormément à l'ambiance oppressante
de la série et au rythme effréné des rebondissements.
Le casting est très bon.
Munden arrive même à rendre le fadasse Curtis de Misfits
(Nathan Stewart-Jarrett) touchant,
attendrissant lors de ses interactions avec Becky
Le jeune Grant (Olivier Woolford) est juste bluffant.
Il bouffe l’écran, et il n’y a bien que Jessica Hyde
(Fiona O’Shaughnessy) et son regard d’une autre planète,
ou bien Arby (Neil Maskell) pour soutenir la comparaison.
La saison 2 nous emmène le plaisir de retrouver
la belle Rose Leslie (Ygrid dans Game of Thrones)
dans un rôle capital.
La série peut être aussi etre dure.
Voir insoutenable.
La scène d’ouverture du premier épisode
offre une violence froide et frontale.
Plus tard, une scène de torture pourra vous faire
tourner de l’œil (et des talons).
Derrière sa violence très graphique se cache malgré tout
un propos sur la déshumanisation.
Le personnage le plus violent est Arby,
sorte de grand bébé de 100 kilos, gras,
le souffle court et la démarche pataude.
Il tue parce qu’on lui demande et ne ressent rien.
Il a été élevé pour être ainsi.
Il n’y prend pas de plaisir,
il est juste incapable d’avoir de l’empathie.
Son développement dans la saison le met face
à des sentiments émergents.
Il questionne sa condition,
remet en cause ses supérieurs (à sa manière),
et change.
Nous touche.
Malgré sa monstruosité.
Utopia est un œuvre incroyable et surprenante,
totalement inclassable,
qui continue à suivre en saison 2,
le sillon tracé l'année dernière,
tout en prenant encore plus de liberté ...
.
C'est tellement bon,
que la chaineHBO (Games of Thrones)
a demandé à David Fincher (Fight Club)
d'en faire une adaptation pour les états unis.
Tout est dis !