2019 - Vampire Weekend - Father of the Bride [24-96]

Le précédent album de Vampire Weekend,
Modern Vampires of the city, cassait le cadre
propret et néanmoins savoureux
de ses deux prédécesseurs.
Mais en proposant un assez brillant kaléidoscope
de formes musicales pop et rock,
il flirtait, à la manière d’un 10cc américain
et contemporain, avec l’exercice de style,
voire le pastiche.
Six ans après, Ezra Koenig, désormais seul à la barre
depuis le départ de Rostam Batmanglij
(présent ici comme guest), revient aux fondamentaux
qui avaient distingué le groupe dès 2008
parmi la horde de bricoleurs néopsychédéliques
de Brooklyn : un sens de l’épure, une ligne claire
bâtie autour de mélodies et d’harmonies
vocales limpides, agrémentées d’arrangements
tout en finesse.
Un piano, des cordes, des chœurs, jamais envahissants,
qui accompagnent tantôt un chant solitaire,
tantôt une galopade rythmique au parfum exotique
(sud-américain, sud-africain ou même andalou).
On pense toujours à la fluidité exemplaire
de Paul Simon, maître dans l’art d’imposer
une complexité et une richesse tout en douceur,
dont l’influence paraît irriguer chacune
des dix-huit chansons de cette impressionnante collection.
Sauf que jamais elle ne respire la pâle copie ou la facilité.
Car Koenig, qui a autant tiré les leçons
de sa collaboration avec Kanye West
qu’écouté beaucoup de country de qualité,
possède une voix bien distincte,
délicatement présente et expressive,
et une écriture pop suprême qui n’appartient qu’à lui.
A tel point qu’il est difficile d’isoler un titre
comme étant plus accrocheur ou plus accompli
que les autres, tant l’album sonne comme une suite
élégante de singles, et donc de hits en puissance.
Father of the bride, un modèle d’excellence pop
au service d’une mélancolie ensoleillée.