2020 - Bettye Lavette - Blackbirds [24-96]

Quinze ans après “I’ve Got My Own Hell To Raise”,
l’album de sa (dernière) résurrection artistique et commerciale,
Bettye LaVette se replonge dans un répertoire “féminin”.
Cette fois-ci, plutôt que les autrices, ce sont les interprètes
qu’elle a choisi de mettre en valeur en choisissant des morceaux
associés aux chanteuses dont elle considère qu’elles ont
« construit le pont qu’elle a traversé » – Nina Simone, Della Reese,
Lil Green, Ruth Brown, Dinah Washington, Billie Holiday et Nancy Wilson
– auxquels s’ajoutent une composition récente de Sharon Robinson
(dont elle avait déjà repris The high road) et la chanson de Paul McCartney
qui donne son titre au recueil.
Comme sur “Things Have Changed”, Steve Jordan est aux manettes
(et aux baguettes), avec une équipe de pointures emmenées par
le clavier Leon Pendarvis, constamment remarquable.
Pas de vedettes invitées cette fois-ci et des arrangements très dépouillés :
l’accent est cette mis exclusivement sur le chant de LaVette
et sur son talent d’interprétation.
Qu’elles soient obscures (le magnifique I hold no grudge, co-signé
par un Angelo Badalamenti débutant pour Nina Simone)
ou bien connues (Strange fruit, Romance in the dark),
chaque chanson est revue et corrigée par la chanteuse,
dont la voix a pris, depuis quelque temps, un côté métallique
qui ne fait que renforcer l’amertume qui se dégage ici de ses interprétations.
À part le Blackbird final, avec son élégant arrangement de cordes,
c’est en effet une ambiance particulièrement sombre
qui se dégage de ce disque profondément mélancolique,
tant au plan des thématiques – le funèbre Drinking again,
le désespéré Book of lies… – que de l’approche vocale.
L’écoute en est donc exigeante, mais le résultat est à la hauteur des promesses.