2021 - Bertrand Betsch - Demande à la poussière / Orange bleue amère [16-44.1]
Depuis ses débuts chez Lithium en 1997,
avec La soupe à la grimace, Bertrand Betsch
n’a eu de cesse d’installer un univers
où défaitisme signifie espoir, ou tristesse rime avec joliesse.
Avec la sortie, en cette mi-mars, de deux albums
dits posthumes, de son pourtant vivant,
l’artiste se permet, notamment sur ce
Demande à la poussière qui précédera d’une semaine
Orange Bleue Amère, de dévier.
D’oser, comme pour illustrer des états d’âme
contraires et complémentaires,
le chaos, la note qui dénote, l’élan plus bruyant.
Ça nous donne, à l’arrivée, deux fois huit titres
aux genres variés, de la chanson au spoken word
à l’électro-rock en passant par le trip-hop.
Sur Demande à la poussière, Betsch sort de l’ordre établi,
s’habille de nippes magnifiques.
Comme sur le titre éponyme, ou sur De la neige au fond des yeux,
exercice trip-hop en phase avec l'excellence.
Sur A la nuit, avec son thème obscur, nuptial et songeur,
lequel se pare de tons orchestraux, d’ombre et de lumière,
pour un rendu prenant.
Ainsi soit-il, qui suit, livre des accords
de guitare bruitistes bienvenus.
La chanson des pourquoi, aérienne et feutrée
parle de questions, qu’on se pose, pour en poser d’autres,
auxquelles on ne répond pas; on quête…de soi.
Enfin La fuite des capitales, dans une électro-cold groovy,
quitte clairement la route.
J’adore.
Le morceau dérape, se fait bourru, tapageur.
Chaotique.
Sur Orange Bleue Amère, Betsch se veut plus synthétique
avec des sonorités qu'un Jean Louis Murat
de l'époque Dolores ne renierais pas.
L'album débute en piano / voix avec le sublime "Vivre",
qui se fracasse sur une rythmique Trip Hop,
dans un tumulte de visions cinématographiques.
"Tant mal que mal" et Ainsi soit-il, s'appuient
sur des accords de guitare saturées légèrement noyés
à la rythmique downtempo.
Sur "Que le temps me dure" ce sont des violons synthétiques
qui vont taillader le parfait équilibre des mots
et de la boite à rythmes.
"La demande" dans un inventaire à la Prévert
expérimente des sonorités un peu plus Post Punk.
"L’ornière" dans un phrasé entre Souchon et Thieffaine
s’abandonne aux assauts répétés des beats électro,
entre glace et feu.
"Je n'oublierai jamais" est le titre le plus introspectif
et expérimental de ce deuxieme disque."
Orange Bleue Amère, est un disque plus apaisé
que que Demande à la poussière,
comme ce "Qui le sait" qui flirte avec la Pop.
L'album se conclue avec un sublime "Réveille-matin"
à l'image de ce double album exceptionnel.
Un grand artiste à suivre !