2022 - Kavinsky - Reborn [24-44.1]
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Neuf ans après “OutRun”, l’outsider de la French Touch 2.0
retrouve enfin le sens du tube addictif et des plages
instrumentales renversantes.
À force d’attendre depuis presque une décennie,
on ne l’espérait plus.
Acteur épisodique et producteur rare, Vincent Belorgey,
alias Kavinsky, est ainsi :
imprévisible, cossard, déroutant, mais ô combien talentueux.
Si beaucoup ne connaissent de lui que le tube Nightcall
(interprété par Lovefoxxx, la chanteuse de CSS,
et produit par un Daft Punk), qui connut un succès aussi tardif
que retentissant grâce au polar Drive de Nicolas Winding Refn,
d’autres s’impatientaient depuis neuf ans d’entendre la suite d’OutRun,
un premier album cinématique à l’énergie compulsive
et à la noirceur contagieuse, à écouter autant en club qu’en voiture.
À l’automne dernier, Kavinsky réapparaissait enfin,
toujours pied au plancher, dans son road movie mental.
Entouré de Gaspard Augé et Victor Le Masne au Motorbass Studio,
il tendait le micro à l’Américain Cautious Clay pour un
Renegade synthétique au groove imparable.
Amorçant ainsi un comeback inespéré, sans SebastiAn
(son alter ego d’OutRun) comme certaines rumeurs l’ébruitaient,
Kavinsky annonçait le titre de l’album au dos de son Teddy : Reborn.
Une renaissance artistique qui reprend la matrice d’OutRun,
en la catapultant dans les années 2020, entre thèmes épiques
(Trigger ou l’immense Outsider, qui faillit s’intituler Belmondo
vu sa passion sans bornes pour Bébel), ballades futuristes
(bouleversant Goodbye avec Sébastien Tellier, sublime Horizon
avec Phoenix vocodé) et tubes addictifs (Cameo avec Kareen Lomax, Zenith
avec Prudence & Morgan Phalen, un morceau pensé comme
le sequel de Nightcall, avec une inversion des rôles vocaux).
Même dans la surenchère interstellaire digne d’un épisode de Star Wars
(Plasma, avec Morgan Phalen), Kavinsky convainc par sa science
des arrangements panoramiques sous une pluie de cordes.
À sa manière maximaliste, le producteur parisien entretient la flamme
de la French Touch 2.0 avec un casting vocal à forte obédience internationale.
Au contraire de son acolyte Gaspard Augé, Kavinsky vise ouvertement
les hits radiophoniques donc chantés, lui qui, outre le triomphe de Nightcall,
a aussi connu la gloire avec son Odd Look réinterprété par The Weeknd
lui-même.
Pour reprendre un titre du bien nommé Reborn – le meilleur album
de sa carrière erratique –, Kavinsky revient en outsider de l’année.