2022 - Jon Spencer & the HITmakers - Spencer Gets It Lit [16-44.1]
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Si commercialement parlant le rock est mort et enterré,
certains irréductibles persistent et signent.
Depuis près de 30 ans, Jon Spencer fait partie de ces
indécrottables rockeurs qui insufflent une bonne dose de plaisir
et d’immoralité à un genre qui a perdu tous ses repères à force
de vouloir fédérer le plus grand nombre.
Âgé aujourd’hui de 57 ans, l’Américain est encore en pleine forme,
semble-t-il.
En 2018, il nous proposait Spencer Sings the Hits ! (2018);
un disque qui s’inspirait de la culture pop, mais qui était surtout
caractérisé par un rock étrange, lascif et menaçant.
Mais la sortie de ce long format a refroidi les ardeurs
des purs et durs du Blues Explosion; le véhicule sonore principal
qu’a employé Spencer au cours des trois dernières décennies.
Une rumeur persistante voulant que le Jon Spencer Blues Explosion
eût atteint sa date de péremption courait… racontar concrétisé
par la sortie de ce nouveau long format.
Les doutes sont maintenant dissipés.
Intitulé Spencer Gets It Lit, cet album est le deuxième chapitre
dans la carrière du vétéran et de ses HITmakers.
Fidèle à sa réputation, Spencer nous présente encore une fois
un disque à la hauteur des attentes.
Même si la bête de scène a déjà été plus explosive et inventive,
le plaisir d’écoute d’un album signé Jon Spencer demeure intact.
Plus complexe que son prédécesseur, Spencer et ses accompagnateurs
nous offrent une mixture d’électro-boogie, de rock psychédélique,
en plus de nous plonger par moments dans une sorte de garage punk
somme toute assez domestiqué, du moins pour celui qui connaît
de fond en comble le répertoire de l’artiste.
Spencer Gets It Lit pourra paraître déroutant au non-initié
qui voudrait découvrir l’œuvre du rockeur.
Or, au fil des écoutes, certaines chansons se dévoilent, balayant ainsi
l’impression de chaos que l’on ressent à l’écoute
des chansons tortueuses de Spencer.
Le premier extrait de ce nouvel album, Worm Town,
reflète à la perfection le terrain de jeu dans lequel le vétéran
et ses acolytes souhaitent nous escorter.
Les percussions industrielles, la guitare fuzzée typiquement Spencer
et les synthés interstellaires ont tôt fait de nous convaincre que l’homme
a encore la pêche.
Dans Get Up & Do It, la formation propose un clin d’œil réussi au rock ‘n’ roll
des années 50.
Death Rag met de l’avant un riff hypnotique influencé par le surf rock.
Primary Boy aurait pu faire partie du répertoire du Blues Explosion.
L’apport des synthés « orchestraux » dans Rotting Money
confère à cette pièce une envergure étonnante… pour du Jon Spencer,
bien entendu !
Sans être du même calibre que des albums comme Extra Width (1993),
Orange (1994) et Acme (1998) — tous enregistrés avec le Blues Explosion —
Spencer Gets It Lit est franchement divertissant.
Un disque qui nous rappelle avec justesse que le rock n’a pas toujours besoin
d’être intellectualisé à outrance pour être intéressant.
Le Jon Spencer Blues Explosion n’est plus.