jeune producteur, dont la formation classique était parfaite
pour domestiquer les forces sauvages
dans chacun des morceaux sans les affaiblir.
Ainsi, bien que l’habillage musical soit à de subtiles nuances près
identique - une pop orchestrale nacrée d’électro chantée
en anglais et en français - le fond révèle en revanche
des intentions bien différentes.
Ce qui relie les deux albums c’est l’idée de combat,
sauf que l’on passe d’un combat épique dans Dune
à un combat intérieur pour Source.
C’est totalement, sublimement nue, qu’elle explore,
sans réserve ni prudence, la dépression dans Novembre,
l’amertume dans Autre, qu’elle assume pleinement,
triomphalement, sa nature passionnée dans F.O.R.C.E.
sachant que la souffrance qui s’y rattache
est au final une épreuve salutaire.
Le premier album ressemblait à un livre de contes
, celui-ci s’apparente plutôt au journal intime, avec dans Formentera
ces souvenirs de vacances où se cristallisent la nostalgie
de moments radieux et la colère de les savoir désormais si trompeurs.
Mais dans Source, s’impose aussi la sagesse archaïque des sorciers,
consistant à faire confiance à la nature, à accueillir ce qui advient sans griffe
et sans violence, comme dans Sun ou Blue, deux chansons
qui parlent d’une rédemption par les éléments et qui ramènent Magali
à son identité profonde de fille ayant grandi entre azur du ciel et bleu de la mer.
Soleil et mer entrent nécessairement dans la magie de l’enfance
et révèlent la quête secrète de cet album qui ne s’appelle pas
Source par hasard.
Loin du flux anonyme et formaté qui submerge ondes et plateformes,
Source est avant tout une preuve de vraie vie.
Affirmer sa souffrance comme elle le fait ici signifie parvenir
à être digne de la vivre pour mieux s’en défaire, pour savourer,
dans Change, les petites victoires du quotidien qui trament la résilience,
fonde la renaissance, pour jouir sans troubles des plaisirs charnels
dans Snake, retrouver la magie des fonds méditerranéens dans Narcosis.
Enfin, et surtout, pour déclarer sa foi absolue dans l’amour,
malgré blessures et trahisons.
Prenant à témoin les étoiles, Magali invoque dans Galaxies,
puis dans Somewhere, cet amour comme un ange qui veille
sur les cœurs sincères.
Sans doute parce que de tout temps, musique et amour
se sont toujours retrouvés sur le même chemin pour révéler de l’âme humaine
le plus profond et le plus mystérieux, l’une et l’autre exerçant
sur le corps et l’esprit l’emprise la plus accomplie, la morsure la plus exquise.