2022 - Melissmell - Les Enfants de Maldonne [16-44.1]
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Rien de ce que chante Melissmell n’est innocent, rien.
Pas un vers ne s’égare, pas un mot, pas une note ne sont futiles.
C’est dire si chaque nouvel album de la dame nous est important.
Celui-ci, le cinquième, six ans après L’Ankou, n’y déroge pas,
et le fait qu’il soit sorti deux jours avant le deuxième tour
du scrutin présidentiel ne peut tenir du hasard.
Il est comme la bande-son des cinq dernières années,
puissante, criante, celle qui n’illustrera jamais
le moindre reportage télévisuel.
Comme un cri d’orage, de colères et de rancœur,
un chant organique venu de loin, nourri de plaintes et d’espoir,
qui accompagne et rythme nos rêves de Grand soir.
Ce même si, calme avant la tempête,
le premier titre, est d’un calme étonnant.
En apparence.
« Ici les résistants ont le cœur qui résonne /
C’est qu’ils sont turbulents les enfants de Maldonne [...]
La petite flamme qui brûle en moi vous l’aurez pas /
La fragilité, la beauté vous l’aurez pas ».
Je suis, nous sommes, oui, enfants de mal donne,
de cartes mal distribuées.
Des résistants, combattant l’absurdité, la surdité.
À l’image du phénix que Melissmell chante
et qui orne la pochette de ce disque,
nous revenons, combattons, chaque fois
en des formes nouvelles, révoltes réinventées, tenaces, teigneuses.
Nous avons un idéal et – la preuve – les plus belles chansons,
qui sont autant de munitions.
« Après le chaos vient l’espoir /
Oui le soleil se lèvera toujours /
Demain s’allumera le jour /
Au sommet des remparts ».
Le nouvel album de Melissmell est un traité de lutte et d’espoir,
celui d’une combattante dont les chants peuvent
et doivent nourrir nos sillons.
C’est le disque, s’il en est un, qu’il faut mettre dans son paquetage.
Ce précieux opus ne contient pas un vers, pas un mot de trop.
Il prend la température exacte d’un monde
qui souffle le chaud, le froid, qu’on maltraite,
où on dresse les uns contre les autres,
et ne se supporte plus.
Le discours de Melissmell est aussi beau que grave :
« On peut encore dis-moi / Décider ce qu’on sème ».
« Ne donne pas ta voix à la folie à l’obscur / A l’enfer /
Souviens-toi » nous abjure-t-elle
de cette voix si belle et tragique à la fois.
Avec elle, Melissmell embarque des compagnons
qui nous sont familiers :
Christian Olivier, des Têtes Raides,
Mathias Imbert, Denis Barthe et Les Ogres de Barback.
C’est un disque qui sent bon l’action, la révolution,
ce vieux monde qui doit disparaître et cet autre à d’urgence inventer.
C’est, plus que tout autre, le disque qu’il faut offrir, s’offrir,
un peu de ce sérum qui panse les plaies et pense les révoltes à venir.