2022 - The Black Keys - Dropout Boogie [24-48]
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Ce vendredi 13 mai sort Dropout Boogie,
le nouvel album de The Black Keys.
Un tour du propriétaire fort agréable.
Puisqu’il sera lâché à l’air libre vingt ans à un jour près
après The Big Come Up, le premier album de The Black Keys
– et accessoirement après être resté dans les tiroirs,
pandémie oblige –, la tentation serait grande d’aborder
Dropout Boogie, onzième “effort” au tableau de chasse maison,
à l’aune du chemin parcouru.
Tentant donc et pas forcément… inapproprié tant,
plus souvent qu’à son tour au fil des dix morceaux
qui le composent, ce nouvel album “sacralise” l’homme de studio,
que Dan Auerbach est devenu au filde ces deux décennies
entre les quatre murs de son repère Easy Eye Sound, à Nashville.
Tentant encore, puisqu’il “incarne”, aux dires un peu superfétatoires
de ses protagonistes, une collaboration et une méthode
de travail apaisées ; Patrick Carney allant jusqu’à parler
de “reconstruction”…
Mais s’il s’agit absolument de placer Dropout Boogie
dans la perspective de la… frise temporelle du duo,
c’est surtout par la volonté évidente de ce dernier de renouer
avec une philosophie à l’ancienne, comme cherchant
à se débarrasser de contingences commerciales
que le statut du groupe l’avait amené à considérer,
qu’il l’admette ou pas, depuis l’explosion de notoriété
avec l’album El Camino, il y a plus de dix ans maintenant.
Impossible en effet de ne voir qu’un hasard à placer
en premier titre ce “Wild Child” résolument radio-friendly,
qui plus est accompagné d’un clip vidéo “chiadé” à souhait.
En première ligne comme pour mieux et plus vite passer à la suite,
à autre chose.
Dropout Boogie y trouve (y gagne ?) ainsi une progression
presque inéluctable, du plus grand public (“It Ain’t Over”
et ses incantations pop optimistes en mode
“Dreams come true from time to time”
et sa guitare Chewbacca feront à coup sûr des adeptes,
malgré un break final un brin déconcertant !)
vers des confins résolument plus blues, plus roots, plus jam,
suivant ainsi un chemin balisé l’an dernier par Delta Kream,
l’album de reprises hillbilly (pour faire simple).
Dans ce feu d’artifice sonore – au point parfois que l’on en viendrait
presque à friser “l’album de producteur” au détriment
des compositions elles-mêmes qui n’ont pas toutes
la même force (“Your Team Is Looking Good” ou “How Long”
limite trop faciles) –, la jolie virgule d’un “Good Love”,
où la Gibson de Billy Gibbons trouve son chemin sans effort
derrière la voix d’Auerbach, un solo rageur de ce dernier
et un orgue torrentiel, fait mieux que servir d’assaisonnement
au boogie millésimé 2022.
Pour ce qui est de la sauce piquante, la fin de l’album,
entre un “Burn the Damn Thing Down” réveillant – bruyamment –
le fantôme de J.J. Cale et un “Didn’t I Love You” incandescent, s
aura être au rendez-vous.