Un thriller semi-fantastique au suspense dément,
qui cite autant Brazil et The Truman Show que
La Quatrième dimension.
Vraiment malin, vraiment humain.
Tous les matins, Mark Scout (Adam Scott) se gare sur le parking
de Lumon Industries, très mystérieuse entreprise
où il travaille depuis quelques années.
Il sort de sa voiture, se change au vestiaire,
laisse précautionneusement dans son casier toutes ses affaires
venues de l’extérieur, prend l’ascenseur et… rien, le vide total.
Il ne reprend connaissance qu’au moment de rentrer chez lui.
Comme tous les employés de Lumon, Mark s’est volontairement fait
implanter une puce dans le cerveau qui bloque le souvenir
de son temps passé au bureau.
Officiellement, il s’agit pour la boîte de préserver ses secrets.
Officieusement, les choses semblent un peu plus bizarroïdes que ça…
Existent donc alternativement le Mark du « monde réel » et celui de Lumon.
Aucun n’a accès aux souvenirs de l’autre.
Deux individus dans un seul corps, le premier passant ses soirées à picoler,
l’autre ne connaissant que le travail.
Reste cette question obsédante des deux côtés de la barrière :
que se passe-t-il quand s’ouvre la porte de l’ascenseur ?
Thriller SF implacable en forme de drame entrepreneurial,
Severance aguiche d’abord par sa critique acerbe du capitalisme,
avant de se révéler en formidable étude de caractère
qui cite autant La Quatrième dimension et Brazil
qu’Eternal Sunshine of the Spotless Mind.
La série, toujours sur le fil, jongle entre vertige existentiel
et moments d’absurdité totale façon The Office
(Mark et ses collègues d’open space, dressés pour traquer
sur des ordinateurs antiques les « chiffres qui font peur ») ;
suspense dément et développement de personnages profondément humains.
Ça passe par des petites choses - des mains qui ne devraient pas se toucher,
l’espoir qui se lit dans un regard - que Ben Stiller, derrière la caméra
pour plusieurs épisodes clés, capte avec beaucoup de sensibilité.
Alors que la froideur bureaucratique de sa mise en scène
reprend inévitablement ses droits dans la scène suivante.