2022 - Kasabian - The Alchemist's Euphoria [24-44.1]
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On ne donnait pas cher de la peau de nos chers Kasabian
après le licenciement de Tom Meighan.
On avait tort : Serge Pizzorno nous revient avec
un autre disque magnifique, qui sait évoluer
vers plus de profondeur sans perdre l’essence du groupe.
L’une des choses qui nous a le plus frappés,
à chaque fois que l’on a vu Kasabian sur scène,
au-delà même de l’impact en live de leurs hymnes de hooligans
croisées avec des bombes rave, c’était l’amitié qui liait
le chanteur Tom Meighan et le guitariste Serge Pizzorno.
Que Pizzorno décide en outre de poursuivre
l’aventure de Kasabian, groupe bicéphale désormais
à demi décapité, semblait impensable.
Et pourtant…
...il est impossible de nier que l’on est ici devant un nouveau
vrai album de Kasabian : c’est-à-dire toujours ce mélange
que nul n’arrive à copier de chansons pop psyché superbes
– l’héritage Beatles, moins visible qu’autrefois,
mais toujours fondateur – comme le merveilleux
STRICTLY OLD SKOOL, de titres puissants faits
pour les immenses salles bondées (CHEMICALS),
et de grands moments de transe extatique – ALYGATYR,
donc, emblématique.
Et comme chaque nouvel album de Kasabian,
il est suffisamment cohérent avec les précédents pour
que nous nous sentions immédiatement « chez nous »,
et assez différent pour que Kasabian continue à être considéré
comme un groupe novateur, en constante évolution.
Si THE WALL est une autre grande mélodie,
qui dégage une superbe mélancolie, marquant aussi l’arrivée
d’une certaine maturité – Pizzorno est, depuis quelques années,
débarrassé d’addictions encombrantes -, c’est T.U.E.
(the ultraview effect), pour nous le plus beau morceau de
The Alchemist’s Euphoria, qui cristallise le mieux ce que Kasabian
a paradoxalement gagné en survivant à cette épreuve :
de la profondeur émotionnelle.
La tristesse qui se diffuse lentement sur ce titre planant et évolutif,
où Pizzorno combine parfaitement une composition pop traditionnelle
avec une électronique qui n’a rien de tape à l’œil,
avant de clore le titre sur un solo de guitare à fendre l’âme,
n’aurait sans doute pas été au programme du Kasabian d’antan.
On a lu des critiques comparant le groupe au Pink Floyd
de la grande époque, et c’est un beau compliment
quand on se souvient de leurs premiers hymnes pour stades de foot.
Avec l’aide de la sorcellerie des studios,
mais en ne cédant rien de ses ambitions de songwriter classique,
il a à nouveau transformé le plomb d’un groupe de rock « traditionnel »,
avec tous ses aléas, en l’or d’une nouvelle musique,
toujours pertinente pour 2022.