2023 - Kurt Vile - Back to Moon Beach [24-96]
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Avec “Back To Moon Beach”, Kurt Vile tente de nous convaincre
dans sa communication officielle qu’il ne s’agit ici que
d’un assemblage de chansons enregistrées çà et là durant
ces quatre dernières années et que, bien que l’affaire possède
neuf chansons pour une durée de 52 minutes, ce disque
doit être considéré comme un EP dans sa discographie.
On aurait aimé n’écouter cela que d’une oreille distraite,
mais le chanteur de Philadelphie a eu la mauvaise idée d’enregistrer
ces neuf pistes avec des collaborateurs tels que Chris Cohen
ou Cate Le Bon et, surtout d’être absolument brillant
sur chacune d’entre elles.
L’album démarre avec “Another Good Year For The Roses”,
une ballade boisée très laid-back sur laquelle Vile chante
d’une voix apaisée, murmurée presque.
Elle donne le ton de ce disque dépouillé sur lequel l’artiste
déroule avec douceur des mélodies douces.
On entend parfois un piano en arrière-plan, comme sur
“Another Good Year For The Roses” ou “Blues Come For Some”.
Parfois l’ambiance est acoustique et doucement éthérée,
comme sur “Touched Somethin (Caught A Virus)”.
C’est ainsi qu’il se voit traversé d’étrangetés, comme le morceau-titre
“Back To Moon Beach”, une déambulation hallucinée de huit minutes
durant laquelle Vile marmonne qu’il y a des plages sur la Lune
tout en envoyant des arpèges de guitare emplis de reverb.
Et puis il y a l’épopée fantastique de
“Tom Petty’s Gone (But Tell Him I Asked For Him)”, au groove souverain
qui devient tellement insistant qu’il se mue en une sorte de jam cosmique.
Des titres étranges, un peu expérimentaux, que peut-être Vile
n’aurait jamais osé sortir dans le contexte d’un album classique,
mais qui font le sel de cet album qui oscille entre jolies chansons et excentricités.
C’est ainsi qu’avant de s’achever sur une nouvelle version
un peu plus clinquante de “Cool Water”, qui figurait sur l’album
“Watch My Moves” (2022), le disque propose deux reprises
aussi étonnantes l’une que l’autre.
La première est “Passenger Side” de Wilco, tirée de l’album “A.M.”
du groupe de Chicago, et Vile en fait une version fidèle et touchante.
L’autre est “Must Be Santa”, reprise minimaliste de l’improbable
chanson de Noël de Bob Dylan, enregistrée par l’auteur avec ses filles,
et qui arrive à temps pour épicer les blind-tests de fin d’année.