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18 Oct

2022 - Loyle Carner - hugo [24-96]

Publié par down.load  - Catégories :  #MUSIC

S'il a fait sensation en 2017 en débarquant

à tout juste vingt-deux ans avec Yesterday's Gone,

premier album salué unanimement par la critique,

puis confirmé l'essai avec son second opus de 2019,

Not Waving, But Drowning,

Loyle Carner séduisait avant tout par sa fraîcheur

et sa capacité à moderniser un rap à l'ancienne,

basé sur des samples de jazz, des textes chiadés

et un flow impeccable.

Ses productions de qualité, sa belle gueule

et son charisme imparable en ont fait

un de nos gars-sûrs du hip-hop britannique.

Loyle Carner, qu'on a connu chantre du cool

et des ambiances laidback, prend d'entrée l'auditeur

à contre-pied avec Hate, titre d'ouverture tout en tension.

Sur une production flirtant avec l'électronique

et où les breaks de batterie

martèlent les tympans, l'anglo-guyanais

délivre un texte politique

très sombre avec un flow incisif.

L'album part sur les chapeaux de roues,

mais c'est avec Ladis Road basé sur un sample

de Nobody Knows de Pastor T. L. Barrett's,

flamboyante pépite de gospel soul de 1971,

que Carner impressionne le plus.

Puissant et émouvant, jubilatoire et mélancolique,

ce morceau nous fait passer par toutes les émotions

et s'impose comme un des meilleurs titres

de hip-hop de l'année,

toutes catégories et tous pays confondus.

On n'avait jamais entendu Loyle Carner à un tel niveau

avant ce petit chef d'œuvre suave et intemporel.

Après une telle entrée en matière,

le rappeur ne faiblit pas et parvient à garder le rythme.

Introduit et clôt par un sample du poète guyanais John Agard

et produit par la légende du rap US Madlib,

Georgetown confirme la veine engagée

de cet album et la recherche de sons plus rentre-dedans

tout en conservant une belle complexité.

Avec sa petite boucle en forme de ritournelle

et sa boîte à rythmes sèche, Speed Of Plight

calme le jeu tout en distillant sa rage contenue

pour un résultat entêtant et addictif.

Après seulement quatre morceaux, force est de constater

que l'anglais a sacrément musclé son jeu.

Il va alors nous prouver qu'il n'en n'a pas pour autant

perdu son style.

Ses fameuses orchestrations jazzy, véritable signature

des deux premiers opus du londonien

sont de retour sur Homerton.

La jeune Olivia Dean vient y déposer sa voix de velours

toute en sensualité soul et tient haut la main

la comparaison avec la grande Jorja Smith,

invitée sur Not Waving, But Drowning.

On croit alors avoir tout vu, mais il ne faut guère plus

qu'une boucle vocale incantatoire et quelques notes

de piano à Loyle Carner  pour faire de Blood On My Nikes

un des sommets de hugo, sombre et intense.

Armé d'une basse tout en rondeur et d'arrangements jazz,

Plastic déroule son groove nonchalant.

Débutant en mode pilote automatique, on craint un instant

le trou d'air avant que le morceau ne mute à mi-parcours

à coup de salvateurs synthés rétrofuturistes lui apportant

une belle dose d'étrangeté.

On retrouve le Loyle Carner des débuts sur l'introspectif

A Lasting Place avec sa formule minimaliste piano-beat-voix

et le délicat Polyfilla avec son boom-bap rehaussé

de chœurs de chorale.

Si ces deux titres ont un petit goût de déjà-vu

ils n'en demeurent pas moins extrêmement émouvants.

Le rappeur ressort les crocs sur HGU, ultime titre,

où son flow rageur fait mouche et prend un relief

tout particulier sur cette douce instrumentation.

Alors que la plupart de ses confrères sortent

des albums à rallonge pour booster les chiffres du streaming,

Loyle Carner fait le choix, aujourd'hui radical,

de ne proposer que dix titres d'une durée totale

de tout juste trente-quatre minutes.

Avec ses morceaux d'une folle variété stylistique,

à la production ambitieuse et inspirée

et aux textes furieusement politiques,

hugo impressionne de bout en bout sans jamais montrer

le moindre signe de faiblesse.

On peut l'affirmer haut et fort et sans aucune réserve,

on tient ici le meilleur album de rap anglais de l'année.

Avec hugo, Loyle Carner vient tout simplement de plier le game.

 
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