2024 - Pearl Jam - Dark Matter [24-48]
Les Vedder, Gossard & Co. se remuent autant
les méninges que les muscles dans Dark Matter,
le nouvel album studio de Pearl Jam.
D’une certaine façon, c’est musicalement que Pearl Jam
montre qu’il est en pleine santé, quitte à ce que la
colère de jadis se soit muée en “simple” énergie.
C’est en groupe se nourrissant de sa propre synergie
que tout ce petit monde avance, l’un pour lâcher
des riffs de guitare déchirant l’espace (la prime ici à “Dark Matter”),
quand ce ne sont pas des solos écorchés à souhait
qui prennent le relais (un peu partout, même si on mettra
volontiers en exergue celui de “Won’t Tell”),
un autre pour montrer qu’il n’a rien perdu de la force évocatrice
de son timbre vocal (“Wreckage”, “Dark Matter” encore,
“Won’t Tell”, “Waiting for Stevie”, “Setting Sun”).
Qu’il lâche les chevaux avec un plaisir évident – et qui sait vite
se montrer contagieux – ou se fasse plus posé dans une proportion
minutieusement étudiée sous la houlette et aux manettes
d’un Mike Watt devenu préposé incontournable aux “grosses productions”
(Hackney Diamonds des Rolling Stones, notamment), Pearl Jam
rappelle qu’il en a encore dans le ventre.
Et tant pis si les jeunes gens échevelés d’antan auraient probablement
regardé avec condescendance, voire mépris, les quinquas d’aujourd’hui
– bientôt “sexas”, voire déjà pour deux d’entre eux – plus que bien installés
sur les hauts échelons de l’ascenseur social et/ou sociétal,
et s’inquiétant désormais davantage de relations personnelles
ou amoureuses que de la bonne ou mauvaise marche du monde.